Les pauses cigarette sont elles équitables?

Le résultat d’une enquête auprès de jeunes professionnels fumeurs dénombre quatre absences du bureau par jour dues à des pauses-cigarette. La pause-cigarette moyenne est d’environ 10 à15 minutes, si l’on considère le temps d’ascenseurs et les arrêts à la toilette en chemin. Cela signifie un minimum de 40 minutes par jour, plus de trois heures par semaine et de 13 heures (environ une journée et demie de travail) par mois de travail perdues à fumer au lieu de travailler.

Nous ne pouvons dicter aux autres comment vivre leur vie tout comme nous ne pouvons discriminer les non-fumeurs. Que ce soit verbalisé ou non, une guerre silencieuse entre fumeurs et non-fumeurs se poursuit sur les lieux de travail à travers le pays.

 

Les problèmes            

–      Du point de vue d’un employeur, quand les employés prennent des pauses supplémentaires pour une cigarette, ils ou elles sont payés essentiellement pour fumer. Surtout en période de démarrage d’entreprise et dans une économie encore chancelante, les employeurs peuvent s’impatienter vis-à-vis ces pauses prises par leur personnel.  

–       Les non-fumeurs affirment qu’ils travaillent plus fort parce qu’ils ne quittent pas le bureau pour des pauses-cigarette, et que la situation est injuste. Ils sont mécontents que les fumeurs soient récompensés par des pauses et un peu d’air frais pour leurs habitudes. 

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–       Les fréquents va-et-vient ainsi que l’odeur persistante de fumée de cigarettes qui les suit depuis l’ascenseur, pourrait être gênante pour le collègue non-fumeur et voir même perturber leur élan de travail.

–       Les fumeurs, eux, prétendent que ce n’est pas seulement eux qui prennent des pauses fréquentes, mais qu’ils sont simplement plus visibles. Ils pointent les habitudes de leurs collègues non-fumeurs, qui socialisent davantage sur les heures de travail, qui mettent à jour leurs pages personnelles de médias sociaux continuellement ou qui prennent de fréquentes pauses-Cafe. 

–       Les fumeurs eux se sentent plus productifs lorsqu’on leur permet leurs pauses-cigarette, et prétendent que le tabagisme leur permet de relaxer, de réfléchir et de générer de nouvelles idées. Ils considèrent le tabagisme comme un droit que les employeurs et collègues doivent accepter.

“ Je ne crois pas que les pauses-cigarette nous affectent de façon négative, » nous dit une représentante  de 25 ans de Calgary. « Pourvu que le travail soit fait, cela ne devrait pas déranger. Ce n’est pas parce que les non-fumeurs ne prennent pas de pauses aussi évidentes qu’ils sont plus performants. »

“Je travaillais dans une boite de pub avant, où telle une alarme, à 10h30 et 14h30, le bureau se vidait littéralement pendant un bon 15 min, » nous dit un jeune professionnel torontois de 30 ans. « Je croyais que c’était injuste, alors j’ai commencé à prendre des pauses exercices pour recharger mon énergie pendant qu’eux fumaient. »

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Les solutions?

–       Certaines entreprises demandent aux fumeurs de fumer uniquement pendant les pauses régulières et ont des politiques qui dictent l’heure exacte des pauses pour tous les employés, qu’ils soient fumeurs ou non. Cela signifie que tous peuvent s’éloigner pendant quelques minutes à leur discrétion, que ce soit pour fumer, prendre l’air ou un Cafe, faire un appel téléphonique ou autre, de façon impartiale. 

–       Ailleurs, certaines compagnies sanctionnent les fumeurs et s’assurent qu’ils poinçonnent leur carte pendant leurs pauses sinon ils le déduisent de leur chèque de paie.

–       Un nombre croissant d’entreprises chez nos voisins du Sud ont commencé à mettre en œuvre des politiques d’embauche sans tabac, révélant dès le départ que ce sont des lieux de travail sans fumée, et exigent des employés potentiels de révéler leur statut fumeur lors des entretiens d’embauche. Ce n’est pas (encore) aussi répandu au Canada, mais cette pratique est plus courante dans les hôpitaux et dans les emplois reliés à la santé. La Société canadienne du cancer par exemple, n’embauche que des non-fumeurs. De bannir certaines candidatures est cependant une pente glissante, puisqu’elle soulève des questions sur l’embauche d’autres groupes dont la santé est à risque telles les personnes obèses.

–       Sans parler des risques pour la santé, le débat se poursuit quant à savoir si les pauses-cigarette ont une incidence négative sur le rendement des employés ou non. Nous ne disons pas que les pauses sont mauvaises en soi et ne sommes pas non plus des partisans d’un lieu de travail paresseux. En tant qu’écrivains, qui sont assis devant un écran d’ordinateur pendant de longues heures, nous reconnaissons l’importance d’une pause pour stimuler la créativité et la productivité, pour ensuite revenir à son pupitre et voir son travail sous un œil tout neuf. Les pauses aident aussi à éviter le surmenage, la fatigue et le sentiment d’être à la merci de son travail. Elles offrent une chance de prendre de l’air frais et de libérer de l’énergie. En général, ce que les gens choisissent de faire avec leur pause les regarde (mis à part certaines évidences) et la question générale est plutôt de savoir si certains abusent.

Quelle est votre opinion sur ce débat?

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Adaptation française par Stéphanie Bertrand