Kelly Beker: jeune professionnelle notable du jour

Après avoir graduée au programme M.I.T (média, information et technoculture) de l’Université Western, Kelly Beker commença à travailler en promotions et marketing. Ressentant un grand besoin d’aventure, elle se lança dans un voyage vers l’Asie du Sud en 2010, pour aller y enseigner l’anglais. C’est à ce moment qu’elle réalisa le besoin croissant d’un enseignement de qualité. Transportons-nous maintenant trois ans plus tard, où celle-ci se prépare à construire une école à Koh Rong, au Cambodge, pour aider à répondre aux besoins de nombreux enfants défavorisés …

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Décrivez en quelques mots en quoi consiste votre entreprise caritative. Au sud de la station balnéaire du Cambodge, Sihanoukville, se trouve un port où on peut y prendre un traversier pour se rendre dans un petit paradis tropical, encore extrêmement démuni – qu’on appelle l’île de Koh Rong. Le Centre de conservation du Cambodge (CCC) créé en Koh Rong est la seule organisation à but non lucratif reconnue officiellement par le gouvernement cambodgien. La mission de la « CCC » est de promouvoir l’éducation et la sensibilisation à l’environnement à travers le développement économique durable. Au cours des deux dernières années, l’île a ouvert ses portes à un grand flux de touristes. L’infrastructure de l’île à l’heure actuelle ne peut pas subvenir aux exigences du tourisme. Parallèlement, l’éducation sur  le développement touristique, le respect de l’environnement et la mise en place de pratiques durables de l’utilisation de l’eau, de l’électricité, de la gestion des déchets, de la santé et de la sécurité du public est cruciale pour l’avenir de l’île.

Pourquoi avez-vous commencé cette initiative de collecte de fonds? Quelle a été l’inspiration derrière ce changement de vie? Quand je suis arrivée en vacances sur les plages de Koh Rong, j’ai tout de suite remarqué que les enfants y vagabondaient toute la journée. J’ai parlé au Khmer de l’endroit, celui qui a démarré le CCC, et lui ai demandé pourquoi les enfants n’étaient pas à l’école. Sa réponse fut simple et assez saisissante pour m’envoyer en bateau le même jour chercher des livres et des fournitures afin de commencer ma  mission monumentale: «Il n’y a pas d’enseignants, il n’y a donc pas d’étudiants.”

Quand nous grandissons en Amérique du Nord, nous tenons souvent pour acquis que l’arrivée de septembre rime avec l’école qui recommence.

Les enfants de Koh Rong se précipitèrent à mes cours la première semaine, se partageant crayons et bouts de papier. J’ai alors réalisé, dans mon cœur, que l’éducation est un PRIVILÈGE et non un rite de passage. 

Quelle est la meilleure partie de votre travail au quotidien? Quelle est la plus laborieuse? La meilleure partie de ce que je fais quotidiennement ne m’est pas exprimée avec des mots. Ce n’est pas l’étudiant élogieux, qui me tend son devoir ardemment. C’est en fait les parents de ces enfants, qui me tendent une mangue ou une noix de coco, sans aucun échange verbal, mais dont je comprends la gratitude. Les parents qui épient par la porte entrebâillée, regardant leurs enfants avec crainte. C’est la réaction de ces parents reconnaissants, qui ont démontré sans paroles, combien il est impératif pour leurs enfants d’être éduqués, et de parler couramment l’anglais.

Cela étant dit, la partie la plus difficile est d’enseigner à la population locale l’importance de l’éducation. Le besoin à court terme de faire travailler les enfants pour aider leurs familles à subsister doit être mis de côté afin d’atteindre l’objectif à long terme qui est celui de l’éducation. 

Où vous voyez-vous dans 5 ans? Je veux continuer à réduire l’écart entre le premier et le tiers monde. J’espère pouvoir continuer à développer le PRIVILÈGE de l’accès à l’éducation, dans les zones les plus reculées de la planète, et où on y trouve les gens les plus aimables du monde. 

À quoi ressemble le succès pour vous? Pour moi le succès est la fierté envers son travail, joint à l’appréciation de l’impact qu’a ce travail sur les autres dans l’immédiat et à long terme.  

Quel a été cet événement le plus mémorable de votre entreprise charitable jusqu’à présent? Nos efforts altruistes ont été remplis de nombreux moments mémorables jusqu’à ce jour – à la fois positifs et négatifs. Le plus mémorable et enrichissant d’entre eux fut le point culminant de nos efforts pour recueillir des fonds à Toronto. Pendant deux semaines, des vêtements usagés ont été recueillis de toutes parts, puis vendus au Trinity Bellwoods Park. Le support de la famille, des amis et de purs inconnus fut incroyable. Non seulement 100% des bénéfices sont allés à l’éducation de Koh Rong, mais de nombreux citoyens de Toronto sont repartis tout sourire suite à l’achat de leur premier costume ou robe griffés. Il était étonnant de voir une ville capitaliste sensibiliser la population à cette cause, en aidant du même coup  les plus démunis de leur propre communauté. 

Avez-vous reçu soutien / dons / commandites provenant de certains organismes de bienfaisance désirant faire grandir ce projet? Si oui, lesquelles? Le Centre de conservation du Cambodge et «Éduquer une île » qui ont comme objectif de construire une école pour le village de Koh Touch, ont reçu un soutien massif de la communauté torontoise, à la fois des entreprises et des particuliers. En plus des dons monétaires des particuliers sur Indiegogo, nous avons reçu des dons de livres et de jouets éducatifs, ainsi que des fournitures scolaires de grandes entreprises canadiennes, y compris DHX Media, Mastermind Toys, Carson-Dellosa Publishing, CapitalIQ et Dance Surge. 

Avez-vous des conseils à donner aux autres jeunes professionnels qui sont désireux de faire une différence / de développer des initiatives de collecte de fonds? Je ne suis pas une experte en développement international, mais la passion l’emporte sur les détails mineurs. Si vous y croyez vraiment, si vous sentez qu’il en est de votre devoir absolu, alors suivez votre cœur. Ne vous contentez pas! 

Qu’est-ce qui est notable pour vous? L’expérience la plus notable de mon travail avec le Centre de conservation du Cambodge fut double. Tout d’abord, les enfants cambodgiens eux-mêmes, remplis d’innocence et de désir d’apprendre spontanés. Deuxièmement, l’énorme soutien reçu de la communauté de Toronto afin de faire avancer la cause. Merci à ma famille, mes amis et les étrangers pour aider Koh Rong vers un changement social!